Les ruines de BRANZAC
- Le 10/12/2015
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- Dans Patrimoine et tradition
Pierre et moi arrivons en début d'après-midi sur le site. Il fait beau, la température est clémente pour un mois de décembre.
En premier plan, des vaches holsteins broutent tranquillement le peu d'herbe qui reste dans le pré.
Au loin nous apercevons les ruines de l'ancien château.
Je suis emmerveillée par ce majestueux bijou en pierre volcanique.
Nous traversons le pré, à notre droite nous distinguons une construction qui ressemble fort bien à une barbacane.
La barbacane est un petit ensemble défensif en avancée du pont-levis de la fortification.
Nous sommes impressionnés de voir ce monument chargé d'histoire.
On dirait même que le temps s'est arrêté. Seuls face à ce géant mal en point.
C'est désolant de voir cet édifice à l'abandon. Il a lutté contre les invasions, les guerres , les intempéries
et maintenant il lutte contre le temps.
Il est bien là, le soleil qui se réverbère sur les pierres.
Ses rayons s'étalent, entrent comme ils veulent
Telle une pieuvre géante rampant à travers les ruines
les bras étalés cherchant sa proie.
L'histoire du château de BRANZAC
(Je tiens à remercier Madame Chantal SEPCHAT secrétaire de mairie de PLEAUX pour ces informations.)
Le château de BRANZAC appelé VARANZAC puis VRANZAC a été construit en 1150 surplombant la vallée
de la Maronne sur la commune de PLEAUX.
Il appartenait à la famille VIGOUROUX, puis à la famille PESTEILS, TUBIERES de GRIMOARD, PESTELS de CAYLUS
et au marquis de LIGNERAC qui le vendit à Paul D'ANGLARS de BASSIGNAC.
Détruit puis reconstruit au XV ème siècle par Guy de PESTEILS, le château à sa facade principale tournée à l'est.
Les principales salles étaient revêtues de fresques du XVI ème siècle qui proviennent d'artistes italiens.
Remarquables au point de vue de l'art et moeurs de l'époque.
En 1547, pendant les guerres d'Italie, mariage de Claude de PESTEILS avec Camille CARACCIOLI, fille
de Jean CARACCIOLI prince de MELFI... et noble napolitain au service de la FRANCE.
Par suite d'alliance et d'héritages le château était au XVIII è siècle la possession du marquis de LIGUERAC, seigneur de PLEAUX.
Il le vendit à Paul d'ANGLARS de BASSIGNAC.
Celui-ci était déjà maître de nombreuses terres. Treize années passèrent et la plupart de ces possessions partirent en fumée.
Tant par des abandons volontaires que par des agissements de son homme d'affaires SANETAS qui sous prétexte
de sauvegarder les biens, mit les domaine à son nom et le garda.
Ensuite SANETAS vendit le domaine à des hommes peu soucieux de la tenue du château.
Les archives furent brûlées à LOUPIAC dans la cour de la maison Alsuc en feu de joie.
Le château est en parti détruit, il n'en reste debout qu'un grand corps de logis flanqué à l'occident
de deux tours rondes, la facade tournée au levant est ornée d'une élégante tour.
En entrant dans la Tour, on trouve au rez-de-chaussée à gauche une porte. C'est la grande salle.
Une autre porte qui se trouve dans l'angle, donne accès à une pièce voutée, la chapelle.
Cette grande salle est éclairée par trois grandes croisées.
Une immense cheminée de 3,50m de largeur, 2m de hauteur et 1,35m de profondeur.
Au dessus de la porte d'entrée, une peinture représentant une Diane tenant une lance, à sa droite une biche.
Au plafond de l'embrasure d'une des croisées, une jeune est belle femme vêtue d'une robe noire coiffée d'un
chapeau de feutre, se regarde dans un miroir où se reflète une tête de mort.
Avec cette inscription:
Dames qui souvent vous mirent
Dans ce miroir mirer vos faults
Et si bon sens ne vous deffault
Vostre beauté mesprisères
Dames qui souvent vous mirent
Abondonné de tous, les ruines intrigues et inspirent quelques poètes Raymond CORTAT
et Camille GANDILHON GENS d' ARMES.
Ils sentent encore vibrer et résonner l'âme de la princesse italienne Camille CARACCIOLI, retenue ici
et clamant à tous les échos son douloureux PESTEILS.
Morte de chagrin à 20 ans sous les lierres de BRANZAC.
C'est cueilli dans le vent qui le chuchote à peine
L'écho d'un nom, Camille Caraccioli
Mais si pur, si chantant, lumineux et joli
Que lorsqu'on le connait, il faut qu'on s'en souvienne
Et tu te répètais tous ces noms enchantés
O CARACCIOLI, NAPLES, MELPHES, VERRONE
Et fantômes légers, là, sur cette pelouse
Ta jeunesse accourait à leur sonorités
Camille, revois-tu le golfe aux nobles lignes?
Et l'azur de la mer tout constellé d'îlots?
Outre lesquels glissaient sur la gloire des flots
Des vaisseaux nonchalants ainsi qu'un vol de cygnes
Mais ces noms, où passe un nostalgique soupir
Triste comme le vent de la nuit dans les feuilles
Quand pour les murmurer, seule, tu te recueilles
Dis, n'est-ce pas ces noms qui te faisaient mourir?
Raymond CORTAT
(D'après le dictionnaire du Cantal de 1830 par DELALO et de RIBIERS.)
Donc! nous décidons de faire le tour des ruines.
Pierre part du côté Est et moi du côté Ouest.
Comme d'habitude, j'ai toujours de bonnes idées!
Mais pourquoi? pourquoi? suis-je venue ici habillée en mode parisienne?
D'habitude je suis toujours en jeans et doc martens!
Ben non! il a fallu que je mette un blouson en daim avec des bottes assorties en daim marron
et un jean moulant!
Super pratique pour funambuler entre l'enceinte du château et les douves!
heureusement que le sol est bien sec. Mais je suis prudente, je fais de l'escalade et me retiens
avec ce que je trouve. Branches d'arbres, pierres...
Je longe le château et trouve à ma hauteur un volet fermé.
Je le tire vers moi mais il est bien verrouillé.
Dommage! j'aurais bien voulu voir l'interieur.
Je continue mon chemin mais je m'inquiète car c'est très escarpé .
Peut-être que je serais obligée de faire demi-tour.
J'aperçoie un autre volet et sans illusion j'essaie de l'ouvrir.
Waouuuuuu!
J'appelle Pierre.
_"Pierre! venez voir! Il y a une fenêtre ouverte!!!
PIERRE!!!!!!!
pas de réponse
Trop chouette!! des latrines!!!
Surexcitée par ma découverte je m'époumonne.
_"Pierre! j'ai trouvé des chiottes!!!
Impressionnant ces murs épais!
Je ressors de la pièce pour essayé de retrouver Pierre.
Je distingue Pierre en haut de la falaise.
Il faut que j'escalade la partie sud escarpée. En bas, la maronne suit son cours.
Je lui parle de mes découvertes et il me montre une porte.
Nous arrivons à l'ouvrir et...
"Waouuuuuu trop beau ces murs en pierre et c'est super haut le plafond."
Le sol a été refait. C'est une dalle de béton.
Mais...il y a des tondeuses!
_"C'est surement les gars de la ville qui viennent tondre et desherber autour du château
et entreposent leurs materiels ici" me dit Pierre.
Je rentre dans la pièce et sur le coté une porte est ouverte.
C'est une petite pièce avec un plafond en pierre vouté, deux angles de chaque côté de la pièce avec des meurtrières.
Peut-être la chapelle.
Je ressors ravie de ce que j'ai vu.
En conclusion:
Le château de BRANZAC reste une parfaite illustration du système architectural de défense de l'époque, avec ses dimensions impressionnantes.(environ 30m de haut)
Il nous révèle encore aujourd'hui toutes les manières stratégiques utilisées contre l'ennemi:
la barbacane, les douves, les meurtrières, les machicoulis , les courtines jalonnent un parcours où le moyen-âge à laissé son empreinte.
Nous quittons le site de BRANZAC pour aller chez des amis de Pierre non loin d'ici.
Quand je raconte à la dame que je suis rentrée dans le château, elle m'a regardée, interloquée, puis
me dit
_"mais c'est privé!" ça appartient à deux familles qui se sont partagées les étages!
L'une en bas et l'autre en haut et c'est dangereux aussi! il y a des risques d'effondrements depuis
qu'ils ont commencé des travaux!
Ils ont refait les sols et depuis les murs s'écartent!"
Et ben! si il y avait un panneau "propriété privée" je ne serais pas rentrée!
On a eu de la chance!